Dimanche 11 (partie II)
Les cartes de voeux s'accumulent sur mon bureau...
Des chats, des bonhommes de neige, des paysages.
Une seule sort de l'ordinaire: une carte noire avec écrit en doré "que deviens-tu?"
Lorsque j'ai ouvert cette enveloppe, j'ai ressenti une peur panique.
J'ai laissé tomber la carte.
Que répondre à cette simple question?
Ecrire sur mes colères personnelles, mes rêves qui s'écroulent les uns après les autres, ma rupture inachevée?
De quel droit, après ce silence, puis-je t'écrire que je ne vais pas bien?
Ce que je deviens? Rien.
Dans le monde des vivants, celui qui est loin de cet écran, je souris, je ris, j'invite à dîner, j'invente des soirées, je remonte le moral des troupes, je prends dans mes bras celui que j'aime.
Mais je ne suis plus qu'une mécanique socialisante.
J'agis pour éviter qu'on me pose les questions: "Comment vas-tu? Que deviens-tu?"
Car ce "rien" qui viendra en réponse sera incompréhensible pour les autres.